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Pour l'exposition intitulée D’Afrique aux Amériques : Picasso en face-à-face, d’hier à aujourd’hui, présentée jusqu'au 16 septembre 2018, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) nous propose une perspective originale sur la période historique de la colonisation à la décolonisation à travers le regard du célèbre peintre espagnol Pablo Picasso. atuvu.ca vous en dit plus sur ce rendez-vous culturel à ne pas manquer.
Coïncidences historiques
Né en 1881, soit un an avant l’inauguration du Musée d’Ethnographie du Trocadéro et quatre années seulement avant le partage de l’Afrique par les pays Européens au Congrès de Berlin de 1885, le plus Français des peintres espagnols décède en 1973, soit deux ans avant la libération du dernier pays colonisé d’Afrique, l’Angola.
Toute sa vie évolue donc avec cette période historique particulière, qui de la domination coloniale omnipotente finira par aller en près d’un siècle vers l’émancipation de tout un continent, en projetant non seulement la société africaine dans la modernité économique, mais aussi dans la reconnaissance et la réappropriation de la culture artistique locale.
L’art au-delà de l’histoire
Tous les colonisateurs le savent, l’art est universel car il touche l’homme au plus profond de son âme. La beauté d’une forme captée par un artiste ne saurait se limiter à la couleur de la peau de son créateur ou à sa nationalité. C’est pour cela que presque tous les pays se trouvant sous le joug d’un autre voient nombre de leurs œuvres d’art détruites, interdites, ou encore réutilisées pour asseoir l’hégémonie culturelle des conquérants... car l’art permet aux peuples de conserver leur identité, leur culture et donc de se soustraire à la volonté politique et religieuse.
L’Afrique ne fait pas exception à la règle
Pendant que ses habitants sont capturés pour être revendus comme esclaves, l'Afrique voit les colons lui soustraire aussi nombre d’objets inusités qui piquent la curiosité culturelle et imaginative, et qui seront exposés soit dans des musées d’histoire naturelle, soit d’ethnographie. On prête à ceux-ci des vertus magiques, comme pour les masques, mais cela reste de l’art nègre. Or c’est précisément cela qui va libérer ce dernier de la pensée bourgeoise bienséante, et qui va transcender nombre d’artistes de l’époque en mal d’inspiration dans le carcan artistique du début du siècle.
Les masques africains vont par exemple ouvrir toute une nouvelle perspective créative dans la façon d’appréhender les portraits : avec l'utilisation des formes géométriques se passant des émotions humaines, cela permet un rendu plus minimaliste des traits et l'exploration des univers mystiques.
« Ce n’est pas un processus esthétique; c’est une forme de magie qui s’interpose entre l’univers hostile et nous, une façon de saisir le pouvoir en imposant une forme à leur terreur comme à nos désirs. Le jour où j’ai compris cela, je sus que j’avais trouvé mon chemin. » - Pablo Picasso.
Loin de l’Afrique, ces artefacts exposés hors du contexte de leur utilisation première offrent une caricature des arts africains pillés par les colons. Pourtant, petit à petit, ils reprennent leur dimension artistique lorsqu’ils tombent entre les mains des artistes européens qui y puisent leur inspiration.
« Ce chiffonnier de génie » - Jean Cocteau
Dès ses premiers achats, Picasso est interpellé par différents artistes. Du Portrait de femme du Douanier Rousseau à la composition simple, il acquerra rapidement divers objets de provenance aussi bien africaine qu’océanique, ou même inuite, Paris étant alors la plaque tournante d’un marché de l’art colonial en plein essor.
Picasso achète donc beaucoup, aussi bien pour son inspiration que pour de futures œuvres (notamment ses sculptures). Il a été initié au métal par l’intermédiaire de son ami Julio González à la fin des années 1920, dont la première version du célèbre Homme Cactus est exposée à coté de sa source d’inspiration : une statue fétiche à clous congolaise, où chaque clou inséré par le chaman représente un des engagements pris... Oui, d'une certaine façon, ses statues sont les ancêtres des contrats!
C’est aussi grâce à cette passion pour « l’amassage » que Picasso a pu créer ses « cadavres exquis » en métal, ou encore la Femme à la poussette et La Guenon au bébé, sur lesquelles le visiteur peut s’amuser à identifier les pièces utilisées.
Picasso et les femmes
Ne pouvant se passer d’amour, Picasso avouait qu’il aimerait probablement une plante s’il se retrouvait à être le dernier homme sur terre. Les femmes de sa vie ont été ses muses, ses sources d’inspiration qui ont fait évoluer son art.
La période surréaliste correspond aux problèmes de couple de Picasso et Olga Khokhlova, symbolisés par cette Femme au fauteuil ou ce Nu sur fond blanc dont les contorsions du corps évoquent les relations difficiles entre époux, car la nouvelle muse est déjà là dans l’obscurité des ateliers.
Picasso inventera alors toute une symbolique pour représenter son nouvel amour, dont La Grande nature morte au guéridon qui en est le parfait exemple, ce tableau illustrant en fait sa nouvelle muse enceinte. Picasso, au rythme des grossesses de sa nouvelle femme Françoise Gilot, imagine des corps féconds au ventre et aux seins arrondis, utilisant les même codes que les anciens pour leurs idoles de fertilité. Depuis la nuit de temps, elles sont liées à l’eau, la terre, l’agriculteur et la descendance; mais surtout, leur nudité est sexuellement marquée, ce qui a largement contribué à l’imaginaire de la femme noire en Vénus d’ébène, dont les cheveux traduisent l’ambivalence entre position sociale et sensualité. C’est ce qu’a voulu probablement exprimer Picasso avec ses femmes à la toilette, thème largement traité par les artistes depuis la Renaissance.
« Je peins comme d’autres écrivent une biographie » - Pablo Picasso
Si la fin de son œuvre a été mal perçue car trop connotée sexuellement pour son âge, il s’approprie cependant des Vélasquez, Rembrandt ou Le Greco à travers ses autoportraits multipliant toreros et mousquetaires, dont les regards tournés vers l’inconnu symbolisent les outrages du temps du vieux maître incompris.
L’art change aussi dans les années 1970, et c’est notamment grâce au street art que les dernières créations de Picasso prendront rétroactivement leur sens. Et puis, c’est alors aux artistes noirs de s’approprier à leur tour les codes du portrait blanc, comme Samuel Fosso et sa création Le chef, ou encore l’américain Kehinde Wiley dans sa posture de président.
La boucle est bouclée.
L’exposition D’Afrique aux Amériques : Picasso en face-à-face, d’hier à aujourd’huise tient au Musée des beaux-arts de Montréal avec possibilité de choisir audioguides ou visites guidées. Pour tous les renseignements utiles, suivez le lien.