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Mardi soir, 24 juillet 2018 au centre-ville de Montréal. Il fait 25 °C, le taux d’humidité est monté à 82% et la fine pluie provenant des nuages qui ont survolé la ville durant toute la journée n’aide en rien au sex-appeal des brushings. Après avoir descendu les quelques marches menant au Café Shaughnessy situé au 1455 de la rue Lambert-Closse à Montréal, un local épuré encadré par de grandes fenêtres, une sensation d’adoucissement s’empare de moi lorsque tout mon être constate que l’air y est climatisé. « Un jeune espace de deux ans », m’explique le propriétaire qui, à la base, a voulu ouvrir ce café afin de convenir à la communauté du quartier : bilingue, multiethnique, diversifiée quoi! Ici, on se croirait un peu comme dans un coffee shop du quartier SoHo à New York City, excepté qu’on y parle aussi bien en français qu’en anglais. Ce soir, c’est le vernissage de l’exposition Genesis 2: The Creator / Genèse 2 : La créatrice, réalisée par l’artiste peintre Vieve.
Au total, six portraits représentent des icônes de notre époque allant d’Iris Apfel à Erikah Badu, pour ne nommer que ceux-là. Vieve, cette jeune artiste-peintre avec cet air de surgir du néant pour s’imprimer sur la toile comme par magie, semble s’être évidemment inspirée du pop-art pour créer ses peintures. Vifs, colorés, les visages représentés sont mis en évidence grâce aux contrastes bien définis et soulignés par le noir. Après avoir feelé un peu l’ambiance climatisée du café, bu un petit verre de punch et pris quelques clichés, je m’en vais rencontrer l’artiste qui converse avec l’assistance…
Mariklôde – D’abord, félicitations pour ton exposition! Je dois te dire que malgré mes recherches, j’ai trouvé très peu d’informations te concernant, outre ta page professionnelle sur Facebook où il n’y a presque rien… J’aimerais te demander… Peux-tu me parler un peu de toi?
Vieve – Vieve, Geneviève Daigle, en fait, c’est comme ça qu’on me trouve. Ça fait seulement trois ans que je peins. J’ai étudié en business à McGill. J’ai toujours été une femme d’affaires dans la vie et, après mon université, j’ai dirigé des entreprises de remorquage, de développement de logiciels informatiques, de charité… Plus tard, on m’a diagnostiqué une thrombose, un caillot dans le sang. On ne pouvait rien faire, donc je l’ai ignoré et, à un moment donné, ça m’a « sortie de ma vie » pour environ deux ans. À la fin de ma convalescence, on m’a fait découvrir la peinture et, depuis, je n’ai pu arrêter de peindre. J’ai commencé tout de suite avec les visages. Mon père est chirurgien plastique donc… Voilà, c’est la seule chose que je peins, depuis le début, des visages.
Durant ma maladie, j’ai rencontré un professeur de peinture pour les enfants qui est aussi enseignant de capoeira à New York. Il m’a appris à peindre, à faire des erreurs. J’ai d’ailleurs encore le premier portrait qu’on a fait ensemble, sur lequel on avait « garoché » de la peinture… C’était vraiment beau. Puis quand je suis retournée chez moi, j’avais beaucoup de temps de libre, donc j’ai commencé à peindre.
Un jour, j’ai peint un de mes amis qui ne se sentait pas bien. Au début, je me sentais un peu free hand. Les visages sortaient bien parce que j’ai une bonne connaissance de la structure biologique de l’humain. Avec lui, je me suis vraiment forcée à bien faire le processus, bien dessiner, faire le grid, et quand je lui ai présenté son cadeau pour sa fête, il y a un de ses amis qui est venu me voir et qui m’a demandé combien que ça coûterait pour en avoir un. J’ai pensé : « C’est littéralement le premier que je fais… » Mais, je lui en ai fait un. C’est bien sorti.
Moi, je viens d’une famille de médecins, d’avocats, de pompiers, tout le monde a un titre. Je n’en connais pas d’artiste. Je n’en ai jamais connu dans ma vie. Je n’en ai jamais rencontré, donc ce n’était pas quelque chose que j’aurais pensé pouvoir faire. Tranquillement, j’ai quitté mon emploi quand j’y suis retournée. J’ai commencé à utiliser les ressources des gens que je connaissais. J’ai travaillé dans les bars, j’ai fait le check à la porte puis j’ai pu me concentrer sur mon art. Maintenant, c’est ça que je fais.
Ma deuxième question est à propos du titre de ton expo. Comme tu l’as nommée Genèse 2 : La créatrice, je me demandais s’il y avait eu une Genèse 1?
En fait, Genèse 2, c’est dans la Bible. Il y a Genèse 1, oui, effectivement. Genèse 1, c’est la création du monde. Genèse 2, c’est l’homme qui est créé, la femme qui est créée. Ce qui est drôle, c’est que je suis quelqu’un qui apprécie mes erreurs. Mes erreurs font mon art. Je retravaille sur mes « choses » et c’est ça qui donne la touch. Ce sont les erreurs, l’apprentissage, donc je pousse… Pas que je me pousse à faire des erreurs, mais je me challenge continuellement. Dans Genèse 2, ce n’est pas que c’est une erreur, mais il y a une partie qui dit : « It was not good for man to be alone and he corrected it ». Genèse 2 : La créatrice, c’est aussi la deuxième partie de ma vie. J’ai eu une vie complète avant où j’ai réussi. J’ai atteint tous mes objectifs quand j’étais en business. Je réussissais très bien et j’ai été sortie de ça. Je suis vraiment contente de pouvoir faire autre chose aujourd’hui.
Mon nom, Vieve, est la deuxième partie de mon nom qui commence avec la « vie ». Je suis vraiment passée proche de la mort. Et puis, dans le temps on m’appelait Gen. Mais j’ai toujours été attachée à Geneviève. Le « Vieve », c’est vraiment le côté créateur. Genèse 2 est ma première expo. C’est aussi pour ça que j’ai mis des plantes que j’ai coupées de ma « plante-maman » et que je les ai mises dans des pots avec les portraits de l’expo. J’ai recréé. Et c’est moi! C’est ma sortie en tant que femme aussi.
Il y a un aspect intellectuel avec l’évènement de ton expo. Tu as voulu utiliser l’espace ici, le maximiser pour l’expérience du spectateur. Est-ce vrai?
« Travailler son esprit », c’est vraiment ça l’objectif. J’ai mis des quotes des personnes peintes dans l’expo, placées un peu partout dans l’espace pour associer une pensée au visage. C’est très culturel; le but de tout ça, c’était de rassembler les gens autour de moi. Ma vie est un peu éclectique, donc il y a du monde d’un peu partout. Du monde de business, il y a mes profs de McGill qui sont venus, il y a ma famille, il y a mes amis des arts et des anciens aussi. Je voulais faire quelque chose très ouvert, qui portait à la discussion, qui déclenchait des « Ah! Qu’est-ce que c’est? »; et non pas quelque chose qu’on regarde pour avoir une réponse toute cuite dans le bec et qu’il n’y ait pas de discussion qui soit créée à travers ça.
Et pourquoi tu as décidé de représenter ces icônes-là spécifiquement? Parce qu’avec La créatrice, moi, je m’attendais à voir seulement des portraits de femmes, mais là, je vois qu’il y en a un d’André 3000…
Parfois, je me laisse aller dans mon non-sens aussi. D’abord, André est « bandouillé »! Donc, il ne parle pas. Je ne voulais pas juste des femmes, les hommes sont beaux aussi dans la féminité, dans le féminisme. Avec cette expo, j’avais envie de mettre de l’avant les femmes mais je n’avais pas envie qu’il n’y ait que des femmes. André, je trouvais qu’il fitait bien dans l’expo et j’ai simplement décidé de l’inclure. Il était là dès le début. Il a sa place ici pour célébrer les femmes.
Le cadeau
Vieve, cette jeune femme pétillante et positive, dégage de la sérénité face à la complexité et la simplicité qui composent toute chose. Elle affirme que pour elle, l’art, c’est le processus créatif. C’est ce que « cela » signifie, ce que « cela » projette, ce que « cela » génère. À travers ce qu’elle exprime, Vieve accepte que tout soit « apprentissage ». En fait, c’est ce qui semble l’animer, aujourd’hui. Et en guise de souvenir et de reconnaissance, avant de quitter les lieux, elle m’invite à repartir avec un de ces bébés chlorophytum portant le visage de mon choix.
Pour en savoir plus sur l’artiste et son travail, cliquez ici. Pour en découvrir plus sur l’auteure de ce texte et ses écrits, c’est par là!