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Dans le cadre de son programme d’Artiste en résidence, le Musée McCord reçoit, jusqu’au 11 août prochain, l'artiste d’origine britannique et kanien’keha:ka (Mohawk) Hannah Claus.
Comme cela a été proposé à ses cinq prédécesseurs, le Musée McCord, qui possède une immense collection d’Art des Premières Nations, a offert à Hannah Claus la possibilité de revisiter et de sélectionner des objets de manière à repenser la façon d’associer et de présenter les œuvres pour faire transpirer sa vérité.
Artiste contemporaine, celle-ci vit à Montréal depuis 2001 où elle a achevé ses études à Concordia en 2004, après des études à l’Université d’Ottawa et à l’Ontario College of Art and Design. Son parcours lui permet ainsi de passer facilement de l’anglais au français.
Avant de nous guider et de nous présenter des morceaux sélectionnés pour nous, l’artiste est d’abord revenue sur le nom de cette exposition « C’est pas pour rien que l’on s’est rencontré ».
Pour elle, une relation existe entre un objet et son créateur, entre les personnes, les relations inconscientes au départ car les bases sont invisibles mais bien présentes, filtrant petit à petit à travers les conversations, rendant progressivement ces liens évidents. Si son choix s’est d'abord porté sur les matériaux inspirés de divers objets, puis sur les registres de postes de traite et leurs traces écrites transmises du passé, elle s’est ensuite laissée guider par les histoires émergeant de ces objets. Au fur et à mesure, un dialogue se crée: ces œuvres du passé ont encore des messages à délivrer au visiteur du présent.
Après cette introduction, nous sommes allés au 3e étage dans la salle réservée à l’exposition où nous attendait déjà Hannah Claus, ainsi que quelques visiteurs bien heureux de se retrouver par hasard présent avec nous.
On a commencé par le mur de gauche qui présente une très belle couverture rarement exposée, servant à emmailloter et à protéger les nourrissons dans le porte-bébé traditionnel, ainsi que les jambières et sacoches rappelant les motifs de perles multidimensionnels de tradition victorienne.
Ne pouvant échapper à ses (bonnes) habitudes, Hannah Claus nous a ensuite présenté les œuvres suspendues au grand bonheur du musée. Afin de remédier à l’absence, dans les collections du Musée, des « châles de danse » si typiques des cultures autochtones de l’Ouest, Hannah Claus a décidé d’en faire un en mobile pour la femme du ciel, suspendant sur des fils transparents des disques multicolores de quelques centimètres de diamètre et lestés de rubans métallisés à leurs extrémités. L’installation, ainsi, prend vie. Le visiteur peut aussi bien apprécier la légèreté de la structure s’animant au gré des courants d’air, que les scintillements des mille projections lumineuses renvoyées au sol par les rubans, ou encore des ombres dansant sur le mur blanc en arrière. Tout en légèreté et finesse céleste.
On est ensuite revenus à la première vitrine, vers le livre qui se trouve à son extrémité. Cet objet est tout juste restauré – pour la petite histoire, l’artiste n’a pu le consulter uniquement sur ordinateur au moment de son choix. Même si, au désespoir d’Hannah Claus, le livre fait la part belle à la calligraphie importée par les colons, il permet de mettre en exergue la séparation qu’il peut exister entre la culture autochtone orale et la culture blanche écrite.
Puis, est venu le temps des quatre couvertures occupant tout le mur face à l’entrée. Ces dernières servaient initialement d’objet d’échange entre les Blancs et les premiers peuples. Mais, l’Histoire se les remémorera comme le symbole des exactions des colons blancs, devenant les premières armes bactériennes au monde, infestées de microbes et de virus pour décimer les peuples autochtones dépourvus des anticorps nécessaires.
Les couvertures sont un symbole très important dans la culture des Premières Nations. Elles sont toujours offertes pour des grandes occasions: un diplôme, une naissance... Elles font en fait partie du cérémonial de la vie. Une couverture protège, elle tient chaud, même si elle ne remplace pas les fourrures d’avant. Trois des quatre couvertures exposées présentent des motifs en cuivre reprenant l’arbre de la paix et la dernière illustre le soleil qui représente le cercle des chefs complétés.
Le choix du cuivre montre l’influence des colons sur les peuples autochtones, qui ont commencé à utiliser ces nouveaux matériaux importés. Le cuivre plaît grâce à son côté scintillant et naturel, mais aussi parce que c’est un conducteur, un connecteur notamment électrique. À l’origine des broches ou des boutons, les éléments sont travaillés avant d’être ajoutés en décoration sur les couvertures.
Au centre de la pièce, l’artiste a reconstitué un service à thé fait en cire d’abeille pure. Inspiré directement de la collection de sa propre mère, un héritage familial, l’artiste se souvient des moments de son enfance où elle devait assortir les diverses tasses avec leurs soucoupes respectives, chacune étant unique. La couleur et l’odeur de la cire se démarquent des classiques tasses de thé en faïence dont le Musée possède une grande variété de pièces, et se révèlent être une profonde source d’inspiration pour Hannah.
La cérémonie du thé est un moment de partage codifié, un prétexte au rassemblement des individus et un catalyseur d’échange présent dans diverses cultures que l’artiste cherche à rassembler ici.
Sur le mur face aux couvertures, l’artiste a sélectionné des impressions numériques qui étaient au début agencées sur une feuille. Séduite par le miroitement et la répétition des motifs, elle a décidé de simplement les suspendre les unes à côté des autres: ces images illustrent l’espace et le temps, leurs motifs psychédéliques brisant le côté linéaire habituel de ces concepts.
Pour finir, nous nous sommes rendus dans la petite alcôve du fond de la salle pour voir la dernière installation, celle qui a donné son nom à l’exposition. L’idée initiale tourne autour du canoë.
Suite à une collaboration pour une autre exposition avec l’artiste Mary Anne Barkouse, dont le grand-père Fred Cook fabriquait des canoës, Hannah Claus nous a appris que le McCord possédait un des rares canoës d’époque! Mais, au lieu d'exposer l'objet directement, elle a préféré présenter l'œuvre ci-dessus s’inspirant largement de la forme si caractéristique de ce mode de transport fluvial prisé de leurs ancêtres. Selon elle, cela permet de laisser plus de marge d’ouverture et d’inspiration à l’interprétation des visiteurs, pour dépasser l’objet et apercevoir le symbole d’osmose.
L’exposition se tient jusqu’au 11 août au Musée McCord. Pour toutes les informations relatives à l’exposition, suivez le lien. Notez qu’un 5@9 dédié à la culture autochtone est également prévu le jeudi 21 mars prochain, au cours duquel l’exposition sera accessible. Pour plus d'information à ce sujet, cliquez ici.