Entretien avec Francine Bernier, directrice artistique et générale de l'Agora de la danse 

L’hiver 2023 à l’Agora de la danse s’annonce heureux et vivant avec une programmation éclectique qui alterne découvertes chorégraphiques et créations déjà installées et primées!

Sourire aux lèvres et tasse de café chaud en main, la directrice artistique Francine Bernier nous a exprimé ses impressions et réflexions sur les oeuvres dansées du premier trimestre de l’année. Et ça donne envie! 

Danser ou la fureur de vivre

Filigrane de la programmation, la « fureur de vivre » résonne dans l’ensemble des oeuvres présentées en ce début d’année. Si les sujets et les propositions chorégraphiques offrent des visions du monde et de la danse différentes, il y a tout de même une volonté unilatérale de proposer un futur rempli d’espoir. 

La rédaction d’atuvu.ca vous propose un retour sur les spectacles de l’hiver 2023 qui nous prouve que « la création mène à la soif de vivre » ! 

Les Jolies Choses, Catherine Gaudet

Des mondes possibles...

Après un épisode pandémique où l’incertitude du futur rimait avec une multitude de projets avortés, l’Agora de la danse nous offre un souffle nouveau sur l’avenir. Comment se laisser porter quand les possibles s’ouvrent à nous ? Comment tracer un avenir qui nous donnera envie de danser et de vivre ? 

Le spectacle Kin (19-22 avril) de La Tresse se déploie comme une utopie empathique et ludique où passé, présent et futur s’entremêlent grâce à un engagement physique total des six artistes. Dans Mountains are mountains (23-25 mars) de Dana Gingras, les spectateurs assistent à l’ascension obsessive de deux duos d’interprètes, à la recherche de l’avenir. Une quête inatteignable pour nous rappeler que l’essence de nos existences ne se situe pas ailleurs, mais bien dans la vie elle-même. Vie qui est restreinte par le rythme incessant du métronome dans le Grand Prix de la danse de Montréal 2022, Les Jolies Choses (1er-3 mars) de Catherine Gaudet. Derrière cette exigence mécanique suintent, petit à petit, les désirs des corps ; et se dessinent, malgré les contraintes, de nouvelles possibilités… 

Véritable laboratoire du vivant, Les limites infinies de la peau (10-13 mai) de Caroline Laurin-Beaucage propose une plongée au cœur de l’intimité de deux danseurs qui se mettent à nu au travers de véritables vivariums. 

Kin, La Tresse

...dans de nouveaux espaces technologiques

À ceux qui regrettent l’élitisme de la danse contemporaine, l’Agora répond avec des créations qui embrassent les nouvelles technologies. Dans plusieurs oeuvres proposées, les corps apparaissent au creux de ces nouvelles matières numériques. Avec Koros (17-19 février + 23, 24, 25 et 26 février), expérience 100% en réalité virtuelle, l’Agora de la danse va au-devant du spectateur, avec des chorégraphies en « accessibilité totale » ! Popmolle (14-16 juin) explore, quant à elle, comment la robotique influe sur l’élasticité des corps … Une véritable entrée dans l’univers technologique, qui signe l’intérêt de l’Agora de la danse pour un public plus jeune, qui n’a plus l’habitude d’aller en salle! 

Popmolle, Liliane Moussa, Marine Rixhon, Anne-Flore de Rochambeau

Le féminin mis à l’honneur 

De cette belle programmation ressort également une forte présence féminine. On redécouvre avec plaisir La Goddam Voie Lactée (3-5 mai), où cinq interprètes célèbrent le féminin en maniant avec brio performance chorégraphique, théâtre et concert. Francine Bernier l’affirme : « c’est un show de rockeuse montréalaise à ne pas manquer » !

Et parce que le féminin n’est pas seulement l’affaire d’une génération, l’Agora nous invite au dernier seul en scène de Margie Guillis. Après plus de 50 ans de création, la danseuse-chorégraphe propose Old (du 9 au 11 mars + 12 mars), une pièce contemporaine réjouissante qui enlace avec douceur une vieillesse, remplie de guérisons, de pertes et de découvertes. Rien que pour aller voir ce monument de la danse contemporaine, la pièce Old vaut le détour… 

Old, Margie Gillis 

Avec ce nouveau programme, Francine Bernier nous invite à lâcher le contrôle et à recevoir pleinement tout ce que la danse peut nous apporter… Nous terminerons enfin sur ses mots, des mots qui font du bien.. 

« Moi je suis une fan finie des arts de la scène. Les arts de la scène c'est vibrer et recevoir avec des artistes! Que ce soit de la musique, du théâtre, de la danse, ou n'importe quelle forme d'art, tu vas t’assoir et tu reçois et ça c’est être vivant! C’est extraordinaire, non ? » 

Et si pour cet hiver on se laisser porter par la danse, sans tenter de vouloir tout comprendre? Alors, rendez-vous sur le site de l’Agora de la danse, pour connaître toute la programmation!