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C’est dans un Théâtre Aux Écuries fébrile et inquisiteur que se tenait hier soir la première des sept représentations du spectacle immersif Nos corps, joué jusqu’au 13 avril prochain. Une création osée qui questionne notre rapport au corps et ayant comme point d’ancrage un fait historique à l’origine de la première « manie dansante », cet ancêtre des raves d’aujourd’hui. La danse… comme le dernier rempart de l’espoir, comme le rassemblement de nos individualités, comme la manifestation physique de notre indignation et, peut-être même, comme l’ultime acte de l’indomptabilité de l’être.
Du commencement d’une révolte régénératrice
Pour comprendre la genèse de Nos corps, on doit se transporter en 1518 à Strasbourg, alors que la famine, la pauvreté et conséquemment le désespoir font rage. Dans cette aura de fin du monde, une femme, après avoir jeté son bambin à la rivière faute de lait pour l’abreuver de vie, se voit prise d’une irrésistible envie de danser. Alors, elle danse. D’abord seule, dans un ultime sursaut de liberté, puis bientôt rejointe par 10, 50 puis 400 autres individus, autant d’âmes ne sachant comment composer avec l’affliction humaine si ce n’est qu’en dansant. De ce rassemblement frénétique et désespéré, duquel plusieurs périssent les pieds en sang et les cœurs épuisés, naît la première manie dansante. Un événement transcendant, dit « épidémique », qui posait dans l’acte de danser l’ultime soubresaut de la révolte, de l’exutoire contre l’oppression.
« Se lever pour danser nous remémore que nous savons nous lever. » – Castel Blast
Alors que la famine semble désormais émerger d’un climat à la fois social, environnemental et politique suffocant, le besoin d’ouvrir les vannes devant l’impuissance, la grandeur de la tâche à accomplir, rappelle l’urgence de la danse et de tout ce qu’elle évoque.
Une « exploration du sens des sens » signée Castel Blast
C’est donc cette nécessité contemporaine que les codirecteurs artistiques du jeune collectif montréalais Castel Blast – que sont Guillaume Rémus, Olivia Sofia et Léo Loisel – ont cernée, puis mise en scène, dans leur dernière création Nos corps. En découle un spectacle qui aborde la création par le biais de la rencontre interactionnelle et de l’amalgame du jeu, de la danse, de la mise en scène et de la musique, à l’instar des précédents shows du collectif créatif (tels que Ma(g)ma, Decalogue10, Carcasse et Dispositif). Plus précisément, cette dernière création de Castel Blast semble vouloir incarner un théâtre performatif inclusif, dans lequel nos « corps révolution » sont invités à concrétiser une réflexion qui ne s’accomplit au final que par les réactions qu’elle provoque.
Quitte ou double
Ainsi, ce spectacle confrontant s’il en est un, emmène le public à réagir à une « vérité du corps qui danse sans relâche », laquelle est d’abord incarnée par une vingtaine d’interprètes-créateurs qui tentent de faire germer cette tentation de la danse collective chez les spectateurs. Une proposition qui se dessine d’ailleurs doucement dès le discours d’avant-spectacle, alors qu’on nous indique sourire en coin que les verres de vitre seront prohibés dans « l’Arène », cette spacieuse salle du Théâtre Aux Écuries servant de scène pour Nos corps.
On s’immisce malgré tout dans l’espace créatif quelque peu désarmés, sans réellement trop savoir ce qu’on peut attendre de cette pièce, si ce n’est qu’il sera question d’un soulèvement collectif, d’une manie dansante, d’une exploration de la révolte par l’énergie des corps. Quoique tentante, la proposition intrigue autant qu’on l’appréhende: devra-t-on s’y extirper de nos – ô combien – confortables convenances? Y affronter l’autre sans autre prétexte que « l’être ensemble »? Y mettre de côté un militantisme statique et sécuritaire au profit d’une agitation euphorique révolutionnaire? Y sortir de notre sacro-sainte zone de confort alors qu’on désire peut-être bien y rester? Quoi qu’il en soit, la manie dansante a de fascinant qu’elle n’épargne pas, de par son énergie bourdonnante et son caractère contagieux. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, une chose reste: elle dérange.
« Et nos corps. Nos corps. Nos corps s’unissent, se rassemblent, s’enlacent, s’entraident, s’apprivoisent, s’acceptent, se réconcilient, se lèvent, se soulèvent, s’accumulent, se resserrent, se mélangent, se rallient, se recueillent. Et nos corps. » – Castel Blast
Les billets pour accéder à Nos corps sont ici.