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C’est en s’inspirant des manifestes des regroupements d'artistes que la compagnie Andrea Peña and Artists a élaboré 6.58 Manifesto, son propre manifeste autour du thème de l’artificialité, sous la forme d’une performance multidisciplinaire. Présenté à l’Agora de la danse du 15 au 18 septembre, puis sous la forme d’un film d’art en webdiffusion du 24 septembre au 2 octobre, ce spectacle philosophique étonnant est l’aboutissement de cinq années de recherches et de remises en question.
À la fois Colombienne et Canadienne, designer industrielle et chorégraphe contemporaine, Andrea est fascinée par les multiples facettes de l’être, à travers un monde construit par l’humain et ses contradictions. Réfléchissant à l’artificialité depuis un bon moment à travers ses études en design, elle transpose avec ses collègues artistes ses questionnements philosophiques en métaphores visuelles.
Je fais partie du monde académique du design qui était déjà en questionnement sur la société; c’est quoi l’humain du futur? C’est quoi la super-humanité? Qu’est-ce que ça signifie être un cyborg, être un humain artificiel?
C’est à partir de ces questionnements que vient l’idée de créer une performance-manifeste en trois tableaux, chacun énonçant une réflexion sur l’artificialité en se penchant sur notre relation avec elle, qu’elle soit virtuelle, matérielle, ou sociale.
Trouver sa liberté dans l’algorithme
humains, nous sommes enfermés dans des carcans artificiels. nous sommes pourtant éternellement engagés et dévoués à nos relations envers nous-mêmes et envers les autres. - Premier point du Manifeste de l’artifice, Andrea Peña and Artists
Si plusieurs pensent que les nouvelles technologies nous asservissent, le monde des designers l’étudie simplement avec réalisme, en testant ses limites. Se voyant proposer au début de la pandémie le projet Performing Digital Intimacies, la compagnie transpose alors la technologie dans le monde de la danse-performance en faisant interagir via un portail vidéo des danseurs séparés par de grandes distances, dans une chorégraphie qui leur est dictée par un algorithme. Se servant de ce projet comme laboratoire, ils reprennent le concept et travaillent l’algorithme afin de l’utiliser dans le premier tableau de 6.58 Manifesto pour symboliser les paradoxes entre l’unicité de chacun en regard des technologies qui dirigent notre réalité. Dans le premier tableau, il y a une grille de carrés numérotés de 1 à 9 et l’ordinateur dicte un trajet, par exemple 1-5-9, et l’associe à une lettre. La lettre est associée à une séquence de mouvements.
La structure est là, mais la manière dont chaque individu réagit au code dépend du danseur.
L’idée qui est prônée ici, c'est que l’individualité de chacun est inattaquable et que la technologie n’est qu’une structure à travers laquelle elle s’exprime. L’individualité est au cœur des convictions de Andrea Peña and Artists, et Andrea parle non pas de chorégraphies, mais de structures chorégraphiques.
C’est comme ça qu’on est capables de voir l’humanité de chaque personne, plutôt qu’une chorégraphie mémorisée dans le corps.
Le rave comme rituel spirituel
humains, nous avons le pouvoir de renverser l’artifice pour parvenir à une prise de conscience collective et individuelle. doit-on donc le renverser afin de nous redécouvrir nous-même et les uns les autres? - Deuxième point du Manifeste de l’artifice, Andrea Peña and Artists
Le rave, c’est l’église moderne, explique Andrea. Pour la communauté queer, dont plusieurs membres d’Andrea Peña and Artists font partie, le monde du rave est un safe space qui prend le rôle social qu’occupaient, pour les paroisses, l’église et l’ensemble de rituels spirituels et rassembleurs qu’elle implique. Pour comprendre cet aspect, il faut s’imaginer ce que ça représente d’être sur une piste de danse, entouré d’autres personnes queer ou alliées, et de danser au rythme de boucles musicales électronniques, parfois pendant plusieurs heures. Le deuxième tableau est carrément un rave.
Ce n'est pas désorganisé, on voit le groupe qui bouge en ensemble, mais dans neuf façons d’exprimer cette idée.
Ce rituel spirituel musical passe par un ensemble d’équipement électronique, un instrumental qui est donc artificiel. C’est à travers l'artificiel que la communauté retrouve sa spiritualité et son vivre-ensemble, la technologie n’est qu’un outil qui permet d’élever les consciences. Cet aspect rassembleur et humain de la technologie, la pandémie l’a rendu extrêmement incarné, et Andrea explique qu’elle est heureuse que cette expérience concrétise cette vision pour les spectateurs.
Les gens sont tannés de travailler sur Zoom même si c’est une nécessité, je ne peux pas aller visiter ma grand-mère, elle est dans mon téléphone et donc j’aime mon téléphone, c’est ma grand-mère!
Faire fondre le masque social
humains, nous sommes à la fois créateurs et consommateurs de l’artificiel. pourtant, c’est à travers l’étendue de notre vulnérabilité physique, émotionnelle et mentale que nous nous efforçons de nous redécouvrir nous-mêmes et les uns les autres. - Troisième point du Manifeste de l’artifice, Andrea Peña and Artists
À travers une réinterprétation de la valse et de l’opéra, le manifeste tente de souligner dans son dernier tableau que l’artificiel était présent avant la technologie, et qu’il est d’autant plus vicieux qu’il est paradoxalement très humain.
Toute l’équipe d’Andrea Peña and Artists a dû apprendre la valse, cette danse très formelle et rigide, qui représentait pour Andrea la rigidité que s’impose la société en voulant se masquer derrière une fausse perfection. Cette perfection factice, le manifeste la remet en question en déconstruisant complètement la valse.
C’est comme si la société était faite en cire et qu’elle était figée et se mettait à fondre et à se décomposer.
Les couples s’échangent, les rondes parfaites se brisent, les mouvements se ramollissent, la sensualité s'installe, lentement la chorégraphie s’éloigne de la valse classique, au profit de l’unicité et de la vulnérabilité de chacun des danseurs. Laisser place à la vulnérabilité, c’est d'ailleurs une autre conviction importante de la compagnie.
Cette valeur de vulnérabilité, je trouve qu’elle manque et nous, comme artistes, on veut l’utiliser. Pas une fragilité de faiblesse, mais une forme de force.
Complètement hors-norme, la chanteuse d’opéra qui accompagne les danseurs sort elle-même graduellement des conventions du chant classique pour laisser quelque chose de primal s’exprimer. Elle laisse sa voix se tordre, elle quitte sa posture toute droite pour s'échouer à quatre pattes, elle s’animalise et s’humanise.
Une oeuvre profonde, mais accessible
Si la danse contemporaine et le monde de la performance peuvent rebuter certains, nul besoin d’être un expert pour comprendre les réflexions qu’apporte Andrea Peña and Artists dans 6.58 Manifesto. Avec un fond théâtral et philosophique, le spectacle n’est pas de ceux qui affirment un point de vue, mais plutôt de ceux qui posent des questions. En ce sens, il convient même aux plus néophytes, tant qu’ils restent curieux et ouverts.
D’ici là, pour mieux interpréter le spectacle, vous pouvez vous nourrir du magnifique texte qu’est le manifeste d’Andrea Peña and Artists que vous pouvez trouver ici, ou en lire plus sur 6.58 Manifesto ici.
Andrea Peña and Artists tiens à préciser que 6.58 Manifesto est un énorme travail d'équipe créé avec : Erin O'loughlin, Francois Richard, Laura Toma, Benjamin Landsberg Nicholas Bellefleur, Veronique Giasson, Gabby Kachan, Jean-Benoît Labrecque, Benjamin Landsberg, Jontae McCrory, Erin Lindsay, Marc Bartissol, Hugo Dalphond, Hélène Simard, Alexis Gosselin, Mathieu Leroux, Roxanne Bédard, Polina Boltova, Rodolfo Moraga, Jonathan Saucier et Bobby Leon.