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Les Grands Ballets Canadiens de Montréal clôturent leur saison 2023-2024 en présentant Giselle. La pièce, chorégraphiée par le directeur artistique de la compagnie Ivan Cavallari, est une exploration de l’éponyme classique de 1841 de Marius Petipa.
Un incontournable du ballet romantique, Giselle est présentée de manière charmante (bien que très conventionnelle). Les spectateurs qui ont vu la pièce en 2019 auront peu de surprises, mais l’œuvre reste séduisante, soutenue par une interprétation incroyable de sa complexe chorégraphie et par ses magnifiques costumes, même les décors sont parfois quelque peu distrayants.
L’histoire a transcendé le temps par son aspect émotionnel et humain. Giselle, une joviale et innocente paysanne, est séduite par le charmant Albrecht, lors de la Fête des Fleurs. Les festivités sont troublées par d’étranges visions d’un être en blanc – Myrtha – puis par la choquante révélation qu’Albrecht est promis à une autre. Giselle succombe à son chagrin.
Dans le deuxième, Giselle se voit rejoindre les rangs des Wilis, les âmes de jeunes filles mortes après avoir été trahies par leurs amants. Sujettes de Myrtha, elles envoûtent la nuit les hommes, les condamnant à danser jusqu’à leur mort dans les bois. Giselle, ayant pardonné le mensonge d’Albrecht, se sauve celui-ci, se condamnant elle-même par ce dernier acte d’amour.
Le tragique ballet présente ainsi un amour plus puissant que la mort, emmenant le spectateur dans un monde surnaturel et fantastique. La musique d’Adolphe-Charles Adam, interprétée par l’Orchestre des Grands Ballets (dirigé par Jean-Claude Picard), offre une magnifique tapisserie sonore pleine de contrastes à l’œuvre.
Le rôle de Giselle est particulièrement complexe, empreint de nuances. D’abord une paysanne candide, ludique et innocente, ensuite une femme fragile et brisée, et finalement un être surnaturel envoûtant et immatériel, le personnage de Giselle comporte de nombreuses facettes qui nécessitent une interprète très polyvalente.
Le défi a été relevé avec brio par Mai Kono. Elle suit une chorégraphie très difficile avec une douceur très appropriée pour le rôle. La fameusement complexe Variation de l’Acte I était particulièrement réussie, suscitant des applaudissements marqués du public lors de ce soir de première.
Ivan Cavallari et Mélanie Ferrero ont fait un excellent travail pour réadapter les costumes de John Dinning. Les costumes du premier acte sont colorés et transportent le spectateur dans l’univers champêtre et printanier de la Fête des fleurs. Ils sont empreints d’un romantisme très juste pour adapter le ballet, et se marient élégamment avec la musique festive de l’orchestre et les pas enthousiastes des danseurs.
L’arrivée de Myrtha lors de la fête donne aux spectateurs un premier aperçu d’incontournable tutu blanc, si associé au ballet Giselle. Ce premier avant-goût de robe blanche est immédiatement prometteur pour la suite. La robe diaphane semble flotter et confère une aura surnaturelle à l’apparition de Myrtha, élevant l’interprétation assurée de Maude Sabourin et la distinguant encore plus des innocents danseurs de la fête.
C’est dans la deuxième partie que Giselle porte son titre de ballet blanc, alors que la pièce montre un cachet plus surnaturel en explorant les danses nocturnes des Wilis. À l’instar de la robe de Myrtha, les tissus blancs de leurs robes sont si légers et vaporeux qu’on croit véritablement voir des apparitions surnaturelles. L’effet de toutes ces robes flottant au gré des mouvements légers, puissants et parfaitement synchronisés de l’ensemble des Wilis est hypnotisant. Les danseuses paraissent voler sur leurs pointes, transformées le temps de la représentation en êtres fantomatiques.
Les décors ont été réinventés par Ivan Cavallari, ajoutant une touche plus actuelle et technologique au classique ballet. Des images photoréalistes de nature sont projetées sur un haut rideau de fins fils entourant la scène et ce, tout au long de la représentation. Bien que moderne dans son approche, l’immensité impressionnante du décor donne un effet s’inscrivant dans l’esprit démesuré et surréel du romantisme.
Cependant, si parfois le décor aide à appuyer le côté bucolique des scènes, il distrait par moment des performances pourtant captivantes des danseurs. La légère animation de la plupart des images combinée au mouvement naturel d’un rideau si léger donne, au final, un énorme écran constamment en mouvement qui attire l’œil du spectateur contre son gré.
L’effet est particulièrement distrayant lors de la fin du premier acte, alors que les images vacillent et se distordent à grands coups d’aberrations chromatiques, pour renforcer visuellement le mal-être de Giselle. Le résultat est étourdissant, et il en devient presque impossible de se concentrer sur le moment qui est pourtant très bien joué et dansé.
Le sol était aussi recouvert de vert, dont le ton très artificiel jurait avec le réalisme des images projetées, comme s’il s’agissait d’éléments disparates.
Le décor devient heureusement moins distrayant lors du second acte. Même si le principe utilisé est le même, l’environnement plus sombre, et qui demeure semblable presque tout le long de l’acte, devient plus familier et attire moins le regard aux dépens des danseurs. L’éclairage du deuxième acte est aussi phénoménal, les jeux de lumière donnant la sensation que les personnages sont vraiment au cœur d’une immense forêt nocturne.
Giselle est un envoûtant voyage au cœur d’un classique du ballet romantique, adroitement exploré par le directeur artistique des Grands Ballets canadiens de Montréal. L’œuvre est présentée du 30 mai au 2 juin à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.