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Du 10 au 13 novembre est présenté à l’Agora l’étrange bébé de Line Nault, son « étrange maisonnée », Non de nom. Performance immersive sur l’identité et les médias, l’expérience se présente comme un terrain d’exploration dans lequel les spectateurs sont libres de déambuler comme bon leur semble.
Dédale d'accessoires et de lourds rideaux noirs où d'étranges mœurs et rituels sont mis en scène, ce qui prend place à la boîte noire de l’Agora, (la salle bleue de l'édifice Wilder), à de quoi déstabiliser les spectateurs. Cinq différentes stations constituent l'espace: Le non de nom, la craque, les fleurs et finalement, le lounge.
Le non de nom
La première chose qui vous y accueille est un téléviseur cathodique à antennes, diffusant un étrange film présentant en très gros plans les actions d’un personnage qu’on ne peut jamais vraiment voir. En lisant les dépliants offerts ou encore le programme du spectacle, on apprend qu’il s’agit de l’entité-fantôme-nuage, un être omniscient auquel les personnages répondent comme on le ferait pour une divinité. Pendant ma visite, l’entité a convoqué les personnages à une sorte de psaume, moment plutôt troublant, mais comique à la fois.
L’aspect comique, on le retrouve à nouveau dans le non de nom avec la patate, qui est présentée glorieusement sur un piédestal, symbole de toutes sortes de choses expliquées dans la documentation offerte. Dans le non de nom, les personnages semblent en crise existentielle, se rattachant à leur sacro-sainte-patate et se débattant en faisant des non de la tête, (l’un des aspects les plus « dansés » de cette performance qui se veut, à la base, un spectacle de danse contemporaine, mais que j’hésite à présenter ainsi tant on est loin du spectacle de danse conventionnel) ça semble mal se passer, même si on a quelques répits et pointes d’humour.
La craque
L’humour est encore présent dans cet espace, qui constitue en une fente lumineuse dans le rideau noir, capté à la fois en direct et en différée et retransmis sur un écran taille nature. Alors que les personnages interagissent avec la craque, leur image dédoublée en présent et passé leur permet d’interagir virtuellement avec eux-même; l’effet est frappant.
Les fleurs
Les personnages vont chercher des bouquets parmi les différents arrangements floraux disposés le long d’un mur sur lequel sont accrochés des écriteaux avec des noms de fêtes ou d’événements marquant comme une graduation ou des funérailles. Ils vont les porter cérémonieusement plus loin, sur une série de podiums, comme célébrant l’un des événements mentionnés. Le tout est retransmis par des écrans, encore une fois.
L’escalier
Cette zone mystérieuse consiste en un escalier lumineux, sur lequel les personnages font une danse lente, recouverts d’un sac de couchage brun les faisant ressembler à la patate vue plus tôt. Le sac brun qui se tend et se déforme en descendant l’escalier est retransmis sur un écran qui cette fois nous laisse percevoir l’intimité du sac, l’être qui s’y déplace. Une curieuse tablette électronique diffuse un moment de gloire où les personnages un à un descendent l’escalier dans une robe dorée chatoyante.
Le lounge
Finalement, dans le lounge on retrouve diffusé sur un écran l’entité-fantôme-nuage de la télévision, en plus d’avoir accès à une carte et à des dépliants contenant des explications sur ce qu’on voit dans l’étrange maisonnée.
Une oeuvre extraordinairement originale avec quelques faiblesses
Avant toute chose, je tiens à souligner combien audacieuse et magnifique cette performance peut être. Qualifiée de « vivarium technologique », l'œuvre, qui est un étrange Frankenstein de performance, de maison hantée et de musée vivant, est une idée tout simplement géniale. Je souhaite sincèrement que ce concept se popularise et se perfectionne, parce qu’il s’agit d’une expérience totalement unique.
Une des raisons pour lesquelles j’applaudis le concept, c’est qu’il est horriblement déstabilisant pour le spectateur qui déambule un peu au hasard, curieux, mais également assez mal à l’aise de s’incruster sans trop de directives dans cet espace. Le thème de l’identité et des médias se fait ressentir à un niveau qui dépasse la simple catharsis, car si au départ on se sent corps étranger dans cet univers, on réalise rapidement que les spectateurs sont en eux-mêmes des personnages de l'œuvre. Une confusion bizarre s’installe pendant la milliseconde où l’on croise quelqu’un sans savoir s’il s’agit d’autres spectateurs ou d’un danseur. La frontière entre spectateur et personnage s’efface complètement et on se retrouve soi-même dans une petite crise identitaire. Que l’on perde complètement la notion du temps - il n’y a aucun moyen de savoir quelle heure il est dans l’étrange maisonnée - fortifie cette perte de soi.
Là où le bât blesse, c’est toute la littérature entourant l'œuvre. Une grande carte et des dépliants dans ce genre d’endroit participent à briser l’immersion. Le spectateur est forcé de lire des documents qui sont mal intégrés à l’expérience, voire qui créent une coupure avec elle. Je sens qu’il y aurait eu moyen d’intégrer la poésie de ces textes dans le parcours de manière beaucoup plus fluide, peut-être par de simples écriteaux comme dans les musées, ou encore par le biais de personnages parlant, dont les dialogues aussi absurdes que le reste aurait fourni quelque pistes, un guide s’il faut! Line Nault trouverait certainement mieux que moi comment appliquer ce conseil.
La seule interaction, c’est le discours de la jeune employée de l’Agora qui explique de ne rien toucher et qu’il ne sert à rien de danser pour les caméras, parce que ça ne déclenche rien. Avec le recul, j’ai pensé que si on ressentait le besoin de nous faire ces avertissements, c’est que des spectateurs avaient essayé en vain. Assez comique non?
Parfois, les œuvres trouvent un écho chez les spectateurs que son créateur lui-même n’avait pas prévu. Il y a une grande poésie dans l’élan qu’ont eu ces spectateurs de chercher à s’impliquer dans le parcours, quelque chose que Line Nault n’avait pas planifié et qui, à sa manière, reflète la grandeur de son travail. Une piste, peut-être, pour sa prochaine œuvre?
Pour plus d'informations ou pour lire la panoplie de documents explicatifs et très poétiques entourant l'oeuvre, visitez le https://agoradanse.com/evenement/non-de-nom/
Il reste très peu de billets pour vivre cette expérience hors du commun, vous pouvez réserver les vôtres au https://agoradanse.tuxedobillet.com/main/non-de-nom