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Il règne aux abords de la Société des Arts Technologiques (SAT) une douce atmosphère de prohibition. Les chapeaux en feutre côtoient les imperméables et les écharpes en hermine sous le crépitement des flashs de la presse à scandale.
Ce soir, la compagnie Les 7 doigts inaugure Vice & Vertu, une performance immersive en plein cœur des folles années de l’éclosion de la scène artistique montréalaise. Son épicentre, le Red Light, battait alors la chamade, animé par le souffle constant des débits de boissons clandestins, des salles de jeux et des bordels.
Au creux de la Main en 2017, on s’engouffre par la petite porte pour remonter le temps, et découvrir ce qui se présente comme une expérience unique réservée aux plus de 18 ans. La foule se tasse tant bien que mal dans la première salle, amusée et alerte face aux impulsions des artistes-automates. On s’écarte de la poignée de main cérémonieuse de Pacifique « Pax » Plante et Jean Drapeau, des vociférations enrayées d’un jeune homme dans une cabine téléphonique et de l’apostrophe d’une suffragette. Jusqu’à ce que le décor prenne vie.
En 1945, Pax Plante, Jean Drapeau et la Ligue de vigilance sociale se lancent officiellement en croisade contre le crime organisé, la « grossière indécence » et la corruption au sein des services de police. Pax Plante nommé à la tête de l’escouade de la moralité entreprend une série de descentes dans les établissements clandestins. A l’opposé, Léa Roback milite activement pour les droits des femmes et l’effeuilleuse Lily St-Cyr use d’ingéniosité pour contourner la règle qui lui interdit de quitter la scène nue. Montréal nous apparait comme une entité bipolaire, gangrénée par le crime et l’immoralité autant que poussée par un élan de liberté et de modernité.
Divisé en trois groupes, le public circule entre trois espaces. On s’engouffre dans des bordels, assiste à des querelles de bars, une réunion de suffragettes, on suit les amours sulfureuses du journaliste Al Palmer et de Lily St-Cyr, ou encore les tribulations du pionnier de la scène gaie montréalaise Armand Monroe.
Les tableaux s’enchainent avec exaltation. La « satosphère » projette le décor du Red Light, la déchéance de Pax Plante à genoux dans l’oratoire Saint-Joseph. Les saynètes, remplies d’anachronismes et de clins d’œil, dressent agilement des ponts entre le passé et le présent pour abattre des barrières, sublimer la ville, ses vices, ses vertus, la témérité de ses héros et l’inconstance de ses moralisateurs. L’ascension d’une acrobate au cerceau du dôme de l’oratoire à la voûte céleste, achève la déchéance de Pax Plante.
Le spectacle se conclut sur une euphorisante performance vocale d’une tenancière de bordel, et une ardente ovation à l’intention du véritable Armand Monroe, présent dans la salle. Les 7 Doigts signent une déclaration d’amour à la ville, à son ivresse et à sa liberté incandescente. A l’extérieur, les chapeaux en feutre, les imperméables et les hermines se séparent. Pourtant, sous nos yeux, la Main vibre encore un peu.
Vice & Vertu est présenté dans le cadre des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, en partenariat avec Montréal Complètement Cirque, la TOHU et la SAT.