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Il y a quelque chose, dans le fait de traverser à pied les courbes du boulevard Crémazie pour se rendre à la ToHu, qui relève de la transgression et de l’exploit. La ToHu, c’est cet imposant cylindre coupé du monde par des bretelles routières, le temple des temples dans la Mecque du cirque qu’est la ville de Montréal. Un silo concentrant la vitalité et l’énergie d’un art de la scène au milieu d’un paysage figé dans le béton. Dans ce sens, rallier la ToHu à pied pourrait faire partie intégrante d’un cheminement artistique, une introduction à l’articulation esthétique du chaos et de la poésie.
A l’avant-veille du réveillon de Noël, le cylindre accueille des centaines de personnes venues par grappes, emmitouflées dans un uniforme costume d’hiver. On oscille entre la curiosité et l’enthousiasme d’assister à un spectacle auréolé de critiques dithyrambiques. En attendant, on sirote de la Boréale en bouteille en piétinant, tant d’impatience que pour libérer ses bottes des cristaux de sel, devant les expositions d’esquisses et d’artefacts du monde du cirque – cavaliers statufiés dans le bronze et chapiteaux miniatures – rassemblés en marge de la scène comme une élégie dédiée à un art en perpétuel mutation.
Le postulat de la dernière création de la compagnie Les 7 Doigts (anciennement Les 7 Doigts de la Main) chapeautée par Gypsy Snider est aussi limpide qu’audacieux : nous plonger dans un univers dépourvu d’influences extérieures, un monde réversible, malléable à souhait dans le contexte d’une recherche frénétique de beauté et de bonheur universel. Formée en 2002, la troupe est une famille surnuméraire, intégralement dévouée à l’entreprise de l’art du cirque, et à la quête de l’extraordinaire et de l’inatteignable. Tout un programme.
Dans la salle en forme d’hémicycle, le public se libère de son manteau d’hiver lorsque le noir nous enveloppe. Sur scène, 3 cloisons amovibles forment un mur, les acrobates des 7 Doigts se déploient sur scène comme 8 composantes d’un même membre qui s’articulent et se contorsionnent dans une parfaite synchronie. Le décor, minimaliste et modulable, est composé de cloisons en contreplaqué sur roulettes, tantôt façades et murs intérieurs, divisant et découvrant les espaces des différents tableaux. S’y enchaînent une reprise de la scène d’introduction de La cantatrice chauve, des numéros de jonglage poétiques et des acrobaties spectaculaires où les artistes, qui se meuvent comme un seul homme, poussent les limites du corps jusqu’au point de rupture.
La trame narrative délibérément chaotique nous enveloppe d’un voile de confusion pour mieux nous happer. Nous ne sommes pas ici en quête de sens, mais en pleine reconquête des sens. Sur scène, on continue d’abolir - en repoussant les cloisons - les frontières de la vraisemblance, avec humour et prouesse technique. On sort littéralement du cadre, on prend les expressions au pied de la lettre, et on fait un pied de nez aux lois de la gravité. Jusqu’au tableau final : une chorégraphie aérienne aux accents divins marquant l’apogée de notre communion artistique sous des tonnerres d’applaudissements.
En cette avant-veille de Noël, au nord des bretelles du boulevard Crémazie, en plein cœur de l’hémicycle de la ToHu, Réversible est un concentré d’énergie et de beauté au service d’une époustouflante ode à la poésie du monde.
Réversible est présenté à la ToHu jusqu’au 7 janvier 2017.
Retrouvez toutes les dates sur le site de la ToHu.