Chose certaine, c’est que le film documentaire Une fois que tu sais de l’auteur et réalisateur écologiste Emmanuel Cappellin porte très bien son nom. Même chez un militant écolo averti, c’est un film qui bouleverse, qui choque, qui dérange et qui transforme. Qu’on le veuille ou non, il est très difficile de rester stoïque devant ce qui nous est présenté, et c’est tout à fait l’effet désiré: nous n’avons plus le luxe d’ignorer. Après avoir vu ce film, j’ose penser que vous ne serez plus les mêmes.

On pensait avoir tout vu en termes de films sur la sensibilisation à la crise environnementale. Il est vrai que le mouvement écologique a pourtant tout essayé; des images choquantes de glaciers en fonte aux plans de la nature immaculée à préserver en passant par la couverture des initiatives encourageantes et des populations en détresse. Seulement, après que tout ça ait défilé à maintes reprises sur nos écrans, on a l’impression de ne pas être beaucoup plus avancés. Voilà qu’on se retrouve toujours devant des rapports du GIEC alarmants et des nouveaux projets d’exploitation pétrolière.

C’est exactement ce sentiment qui a poussé Emmanuel Cappellin, militant écologiste et photographe ayant notamment travaillé comme chef opérateur auprès du célèbre Yann Arthus Bertrand, à développer cette idée de film qui a nécessité plus de 8 ans de recherche et d’entretiens. On y suit son parcours personnel en tant que personne couvrant au quotidien la crise écologique, mais surtout, on ressent à travers lui son épuisement dû au fait de vivre avec ces informations. Mieux encore, Cappelin choisit de nous amener auprès de chercheurs, de chercheuses et d’expert.es sur la question du climat pour comprendre comment ces derniers parviennent à mener leur vie sans tomber dans le désespoir.

Comment survivre

La proposition d’Emmanuel n’est pas ici de vous présenter un tas de données pour vous démontrer à quel point nous sommes dans le pétrin. Ici, le problème est connu, mais il cherche plutôt à partager la connaissance des conséquences de celui-ci sur nos modes de vie. Pour des personnes non initiées à la science climatique, il peut s’agir d’un rendez-vous qui donnera froid dans le dos. Littéralement. Ce n’est pas un film qui fait plaisir à voir, et qui saura certainement confronter les personnes qui ont une tendance au déni sur cette question ou qui préféreront ignorer certaines informations pour se protéger. Vous voilà avertis.

Côté documentation, il est difficile de nier la crédibilité des intervenant.es. Les auteurs français Pablo Servigne et Jean-Marc Jancovici n’en sont pas à leurs premières armes en termes de prise de parole climatique et ont chacun écrit plusieurs ouvrages portant sur la fin de la croissance due aux énergies fossiles. Pour ce qui est du journaliste américain Richard Heinberg, il travaille depuis des décennies à décrire l’épuisement des ressources pétrolières. Il y a également des présences scientifiques importantes du bangladeshi Saleemul Huq et de l’américaine Susanne Moser, respectivement expert sur l’adaptation et experte de la montée des eaux au sein du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC).

À travers ces personnalités, nous comprenons l’avenir qui nous attend. Parfois porteurs de crainte, parfois d’espoir, leurs mots viennent surtout briser l’illusion selon laquelle tout est sous contrôle. En ce Jour de la Terre 2022, Une fois que tu sais peut se présenter comme un devoir, si ce n’est que pour prendre conscience du type de planète que nous laisserons aux générations futures, si ce n’est que pour comprendre qu’il nous est encore possible d’améliorer la situation.

Ce film est dûr, mais il est important. À vous maintenant de faire le pas de l’autre côté.

Une fois que tu sais est rendu disponible en vidéo sur demande au Canada dès aujourd’hui, le 22 avril 2022, en l’occasion du Jour de la Terre. Liens d’écoute Apple et Google Play disponibles ici.