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Sorti il y a près d'une semaine, The Father (ou Le père en version française), un film co-écrit par Florian Zeller et Christopher Hampton et réalisé par Zeller, présente en tête d'affiche Anthony Hopkins (Silence of the Lambs, Elephant Man) aux côtés d'Olivia Colman (The Favorite) dans un drame psychologique troublant de réalisme.
Dans un scénario adapté de la pièce de théâtre du même titre, Hopkins incarne Anthony, un homme atteint de démence qui perd graduellement tous ses repères. Il vit avec sa fille Anne (Olivia Colman), qui tente d'engager une aide à domicile pour pouvoir le garder auprès d'elle. Anne est réticente à l'idée d'envoyer son père dans un centre pour personnes âgées, malgré l'influence de son mari qui voit cette cohabitation d'un mauvais oeil.
L'aspect le plus intéressant du film est qu'il est présenté sous le point de vue d'Anthony, la trame narrative et la chronologie imitant les effets de la démence par des répétitions, des contradictions et d'habiles jeux sur le casting. Le spectateur suit avec peine le fil directeur de l'histoire et devient lui-même confus à savoir ce qu'il regarde. Ce choix est à double tranchant: on comprend rapidement l'effet voulu, mais le sens profond de cette narrativité reste flou pendant une bonne partie du film, ce qui peut ennuyer si on n'est pas un spectateur patient. Il s'agit clairement d'une oeuvre ou le fond et la forme s'allient, et à ce titre, je ne peux critiquer la virtuosité avec laquelle Zeller et Hampton réussissent à rendre le tout quand même cohérent, dispersant des repères symboliques simples, mais efficaces, par exemple le motif de la montre, qu'Anthony perd et cherche obsessivement à de multiples occasions, représentant sa perte de repères temporels, ou bien l'acte de s'habiller versus rester en pyjama, symbolisant vraisemblablement la volonté de conserver son orgueil intact.
Il s'agit ironiquement d'un scénario assez pauvre en tension, si ce n'est l'angoisse induite par la perte de repères. Les procédés deviennent un peu répétitifs et l'intrigue n'évolue que très peu au cours du film: on comprend rapidement l'enjeu et on devine rapidement son issue également. D'ailleurs, certaines des péripéties les plus marquantes restent sans conséquence sur l'intrigue, ce qui est dramatiquement assez décevant. En narrativité, c'est un principe essentiel que chaque élément installé dans l'intrigue ait un impact sur le déroulement de la quête. Or, dans The Father, en ayant peu de contrôle sur ses choix, c'est délicat parce que ses péripéties font juste lui arriver. Ce n'est pas problématique en soi si on présuppose que le but du film n'est pas de raconter une histoire, mais plutôt de nous placer de manière réaliste dans le point de vue d'une personne souffrant de démence, et à ce titre il est très efficace, mais ne vous installez pas devant ce film en vous attendant à de grands revirements, parce que vous serez déçus.
Par contre, si comme moi vous avez une partie de vous un peu maso qui aime qu'un film vous passe le coeur dans le broyeur, alors The Father saura vous servir une belle gamme d'émotions terribles. En passant par la confusion, la tendresse, l'angoisse et la tristesse, le film va très loin dans le réalisme, en particulier par les dialogues. Si vous avez connu ou si vous connaissez quelqu'un souffrant de démence, l'exactitude de cette représentation vous donnera des frissons, ce qui rappelle l'universalité de ce sujet très actuel. Le thème tragique de la dégeneressence de l'esprit m'a rappelé l'excellent Amour de Haneke, qui lui traitait de la dégénérescence du corps, mais avec le même rythme angoissant, capturant le spectateur dans la tension de l'inéluctable fin tragique. Il faut quand même souligner aussi -sans surprise- que Anthony Hopkins réussit encore une fois à interpréter avec brio son personnage, maîtrisant à la perfection toutes les nuances de la psychologie de son personnage.
Finalement, The Father ne marquera probablement pas l'histoire du cinéma, mais mérite tout de même d'être vu, ne serait-ce que parce qu'il sort des schémas narratifs classiques en épousant à 100% la subjectivité du personnage principal. Le film met efficacement en lumière des enjeux très actuels, qui nous touchent ou nous toucheront tous un jour ou l'autre. Il est un outil intéressant - au même titre que Amour mentionné plus haut - pour réfléchir à nos relations avec des personnes âgées, ainsi qu'à notre propre dégénérescence, des sujets très tabous dans notre société. The Father nous rappelle que les conséquences de la vieillesse peuvent être terrifiantes, et que l'amour de nos proches en est peut-être le seul véritable baume.