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Après avoir fait le tour des festivals partout à travers le monde, Saint-Narcisse, le dernier long-métrage de Bruce LaBruce, sera finalement à l’affiche dans quelques salles de la Province. Le deuxième long-métrage du réalisateur après le très acclamé Gérontophilie en 2013 met en vedette Félix-Antoine Duval dans le rôle de Dominic, un jeune homme imbu de lui-même qui découvre que sa mère qu’il croyait morte vit dans la forêt et qu’elle serait peut-être même une sorcière…
Je vais commencer en étant franc : pour moi, LaBruce nous l’offre sans aucun doute l’un des meilleurs films canadiens des cinq dernières années. Attention, le film n’est pas parfait, il a même quelques défauts assez flagrants lors d’une première écoute, notamment les dialogues qui se répètent et le jeu d’acteur parfois en dents-de-scie, particulièrement chez Duval. Cependant, le film regorge de bonnes choses, dont quelque chose qu’on voit peu dans le cinéma récemment.
L’Ambition
Loin de moi l’idée de dire que le cinéma était mieux avant, on voit chaque année des perles cinématographiques autant sur nos grands écrans que sur nos petits avec les plateformes de streaming. Il est par contre rare qu’un film me surprenne avec un style différent, une narration étrange, mais cohérente et une direction artistique rafraîchissante. C’est le cas pour Saint-Narcisse qui mise sur une mise en scène qui rappelle celle des films de David Lynch. La ligne directrice qui se concentre sur le narcissisme et l’idée du double, quant à elle, se rapproche plus particulièrement de Lost Highway et Mulholland Drive, deux des meilleurs films de Lynch. LaBruce nous plonge dans un univers connu, le Québec des années 70, mais avec des notes d’inconnu et d’étrange avec la forêt qui abrite la mère de Dominic ainsi que le monastère où le jumeau de Dominic, Daniel, réside. C’est dans cette narration brisée que réside pour moi la singularité de Saint-Narcisse. Plutôt que d’adopter un format standard où les motivations des personnages sont expliquées et explicitées à chaque étape, LaBruce laisse plutôt planer un voile de mystère sur les origines et les motivations des personnages.
Exploration de la sexualité
Si le réalisateur de Gérontophilie explore dans son dernier film l’amour homosexuel entre un jeune adulte et une personne âgée, il explore cette fois plutôt l’inceste, le polyamour et l’autosexualité. Encore une fois, sa plume fine et son talent sont assez pour faire passer des actes que la société considère étrange ou déviant comme étant tout à fait normal, voire poétique. Une scène en particulier marque l’imaginaire, celle de la première rencontre entre les frères jumeaux Daniel et Dominic. Dominic prend Daniel en photo afin d’avoir une preuve de l’existence de son jumeau, ce à quoi Daniel réplique en l’embrassant passionnément sur la bouche en lui disant «There’s your proof». LaBruce réussit à jouer sur la fine ligne entre dérangeant et intriguant au niveau de la sexualité, ce qui n’est pas donné à tous les réalisateurs de ce monde. Même si certaines scènes sont franchement dérangeantes sur le plan moral, le spectateur observe tout de même l’action sans jugement, avec une certaine curiosité et compréhension des actions survenant sous ses yeux. Une telle exploration de sujets tabous, particulièrement à une ère où l’on voit la sexualité abordée sous tous ses angles dans les différents médias, mérite d’être soulignée et applaudie.
Des décors sans failles
On notera également dans ce film la pertinence des décors. On passe d’une buanderie à une chapelle, en passant par un restaurant, une forêt et deux maisons très différentes, toujours dans une ambiance qui demeure limpide pour les yeux du spectateur. On se perd facilement dans les décors très travaillés où les personnages peuvent se camper sans jamais avoir l’air de ne pas être à leur place, même lorsqu’ils sont complètement sortis de leur zone de confort. Mention également à la lumière, presque toujours douce, qui vient habiller chacune des scènes avec brio en se montrant subtile et changeante, passant de chandelle à néon avec bien évidemment les scènes extérieures avec une lumière plus naturelle. Bref, si vous avez envie d’être surpris et que vous voulez voir un film d’ici, je vous encourage fortement à aller voir Saint-Narcisse dans les prochains jours pour une expérience hypnotique et singulière qui est certaine de ne pas vous laisser indifférent.