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Écrit et réalisé par Maude Bouchard et Camille Trudel, le court-métrage Miette est projeté pour la première fois au Festival Regard à l’occasion de sa 25e édition. Fruit d’une première collaboration, le film met en scène la rencontre entre une réalisatrice et une jeune femme qui a subi des expériences psychiatriques douloureuses. Il exprime avec sensibilité le rapport ambigu et intime que nous entretenons avec la santé mentale.
Maude Bouchard et Camille Trudel se sont connues au début de l’année 2016 lors d’un événement de réseautage Ciné-Québec. Très vite, les deux scénaristes diplômées de l’INIS ressentent une forte complicité professionnelle et amicale l’une pour l’autre. À cette époque, Camille Trudel tente d’aider une personne de son cercle rapproché en détresse psychologique. Accablée par la situation, elle en parle à sa future partenaire de travail et lui découvre un intérêt marqué pour la question.
Leurs discussions sur le cinéma et leurs visions similaires les amènent finalement à vouloir coopérer. « On avait envie de s’engager dans un projet ensemble sans se dire la nature du sujet, on sentait juste qu’on allait bien fonctionner. »
Photo : Marie Davignon
Fortes de multiples expériences en scénarisations et en réalisation, elles s’attèlent à l’écriture de Miette en 2019. Noémie O’Farrell, intègre rapidement l’équipe pour incarner le premier rôle. Le prénom de son personnage donnera son appellation au film. Restreintes par le manque de budget, elles décident de développer un documentaire fictif sur la santé mentale.
Peu à peu, le projet progresse. Désireuses de mieux transposer ce qu’elles ont en tête à l’écran, les deux femmes démarchent des productrices et déposent des demandes de financement auprès d’organismes. Le CALQ (Conseil des arts et des lettres) avait déjà accepté de les soutenir en amont du projet. Son appui sera bientôt complété par ceux de la compagnie de production Colonelle Film et de la boîte de distribution Welcome Aboard.
Après un an de travail et de conception, le court-métrage prend une nouvelle dimension. « La vision a changé à partir du moment ou a su qu’on avait le CAL parce qu’on était plus contraintes dans l’idée originale qui était le faux documentaire. On s’est dit “on va pousser ça, on va aller chercher une team de feu.” »
L’équipe s’étoffe peu à peu lorsque la directrice artistique Suzel D. Smith la rallie. Puis c’est au tour de la photographe Marie Davignon, lauréate d’un Prix Écrans Canadiens en 2021 pour le long-métrage Beans, d’intégrer la petite troupe. Le résultat visuel somptueux sublime le film tant il est taillé sur mesure pour Miette, magnifiquement incarnée par Noémie O'Farell.
Diagnostiquée avec un trouble de la personnalité Borderline, elle est la benjamine de sa famille. Hospitalisés plusieurs fois, ses adelphes [frères et soeurs, NDLR] qui souffrent respectivement d’un trouble schizo-affectif et de bipolarité peinent à s’insérer socialement. La jeune femme de 26 ans surnage, incapable de les aider à l’heure où ils cumulent à trois cinq tentatives de suicide et huit ans en psychiatrie.
Réfugiée dans son appartement, elle s’est confectionné un environnement rassurant pour échapper à un monde extérieur qui semble ne pas vouloir d’elle. Garnie d’œuvres d’arts et de plantes, sa coquille lui permet de garder une illusion de maîtrise alors que la réalisatrice incarnée par Maude Bouchard pénètre chez elle pour l’interviewer. « Miette essaie de donner ce qu’il faut pour avoir l’air construite et en contrôle. C’est comme ça qu’elle tient », explique l’autrice.
Photo : Marie Davignon
L’intérêt marqué pour la psychologie et la psychiatrie des deux autrices permet de dépeindre un portrait sensible du personnage principal. Ainsi on s’immisce facilement dans l’intimité de la maladie mentale restituée sans jugement à l’écran. « On est allé chercher vraiment ce qui était très significatif. Le travail en amont a fait en sorte qu’on a pu éclairer ce travail-là, le peaufiner et le rendre clair. »
Dans la fiction, la réalisatrice change l’angle de son documentaire, touchée elle aussi par l’histoire de Miette. Seule face à l’objectif, cette dernière occupe tout l’espace. Ses prises de paroles inspirées d’expériences dont ont été témoins les deux cinéastes bouleversent et surprennent. Avec une justesse troublante, elles parviennent à aborder des sujets souvent passés sous silence.
Pendant un peu plus de dix minutes, l’œuvre questionne sur le lien entre la génétique et la santé psychologique, sur l’impact que l’environnement a sur celle-ci. Authentique et minutieux, il décrit également les violences traumatiques vécues par les membres de la communauté LGBTQIA+ en milieu hospitalier. On comprend l’impuissance des proches et du personnel soignant malgré sa véritable volonté d’aider sa patientèle en détresse.
Sans connaissance approfondie de la psychiatrie, on est saisi par la proximité que l’on tisse avec Miette, alors même que nous nous retrouvons parfois face à des situations similaires. « J’ai l’impression que tout le monde a une expérience intime de la maladie mentale donc c’était comme mettre en commun ce savoir-là. » soutient Camille Trudel.
Les deux scénaristes voient dans leur œuvre un moyen de générer l’empathie dans l’audience. Convaincues que l’art est un véhicule de douceur, elles souhaitent que leur création permette aux individus marginalisés de se sentir reconnus et représentés. « J’ai l’espoir que les récits ont ce pouvoir. J’espère que ça se traduit dans la réalité. Mais ça dépend de ce lien-là. Est-ce qu’on est capable de l’établir ? » conclut Camille Trudel.
> Miette est en compétition au festival de court-métrage Regard du 7 au 27 juin dans les catégories Grand Prix Canadien, Prix du jury, Prix du public et Prix FIPRESCI.
> Retrouvez toutes les informations de Miette sur ses pages Facebook et Instagram.