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C’est dans un Monument-National bondé que se donnaient rendez-vous, ce mardi soir, les amateurs d’art et de cinématographie pour la 37e édition du Festival international du film sur l'art (FIFA). L’événement, qui a lieu du 19 au 31 mars, propose une sélection éclectique de près de 200 films provenant d’une quarantaine de pays et rendant hommage à l’art sous toutes ses formes.
Des créations qui sont cette année présentées autour de quatre thématiques, soit l’art engagé, l’art et la science, l’histoire et la culture et la musique et la danse, sans compter l’incontournable catégorie des portraits, dans laquelle on découvre – ou redécouvre – des artistes plus grands que nature. On retrouve également, au sein de la programmation du festival, une pléiade d’événements spéciaux et d’activités qui témoignent de l’essence mouvante de l’art, présenté ici sous le prisme du cinéma.
Mais encore, pourquoi assister au FIFA? Car les films qui y sont présentés, tout aussi variés qu’uniques, nous permettent une incursion fascinante au cœur du processus créatif et artistique, qu’on soit entre les murs d’un hôpital psychiatrique de Téhéran ou dans les ruelles du Mile-End. Ils nous amènent ainsi à prendre conscience de l’omniprésence de l’art au quotidien. Puis, comme nous l’a rappelé Philippe U. del Drago (directeur général du festival), lors de son vibrant discours: « Au-delà des impacts économiques du milieu culturel, au-delà des justifications quantitatives de notre existence, souvenons-nous chaque instant que nous sommes ici pour créer une rencontre entre les artistes et le public. Des rencontres humaines et tangibles qui ont le pouvoir de changer des existences. » Des paroles qui donnent envie d’aborder la programmation de cette 37e édition du FIFA la conscience bien présente, les yeux en alerte et les oreilles tout ouïes.
Questionner l'extrémisme religieux à travers la liberté artistique
L’état d’esprit susmentionné est celui idéal, d’ailleurs, pour entamer le visionnement du film d’ouverture du festival, Au temps où les Arabes dansaient, douzième documentaire du réalisateur belge d’origine marocaine Jawal Rhalib. Ce long-métrage s’avère également être son plus personnel, et se veut une réflexion sur l’avenir complexe des sociétés occidentales multiculturelles, tiraillées entre le fondamentalisme religieux et le désir d’émancipation. Une œuvre qui offre un magnifique portrait de l’évolution de l’art dans la culture arabo-musulmane, mais qui, surtout, proteste contre la censure qu’entraîne la montée de l’intégrisme.
Comme en témoigne cette phrase qui introduit la première scène du long-métrage, une image poignante, captée en plein crépuscule marocain: « Écouter Beyoncé est interdit. C’est sale. Ça donne envie de se dandiner sur la musique. Allah transformera en singe ou en cochon ceux qui dansent. » Ces paroles, celles d’un imam marocain, témoignent du climat de régression, imposant la peur et le silence, qui pèse sur les créateurs et artistes qui prendront tour à tour la parole dans ce documentaire de 84 minutes interrogeant l’évolution des sociétés musulmanes.
Ce premier extrait est par la suite suivi d’une incursion dans la demeure de la – pétillante – mère du réalisateur, une ancienne danseuse dont les yeux s’illuminent encore autant lorsqu’elle parle de son art, elle qui se rappelle avec nostalgie et regret cette époque (pas si lointaine) lors de laquelle les femmes étaient bien plus émancipées qu’elles ne peuvent l’être aujourd’hui. En témoignent les magnifiques extraits d’archives qu’on peut voir tout au long du film, lesquelles retracent diverses scènes cinématographiques de danse orientale égyptienne. C’était en 1953, alors que Nasser (président de la République d’Égypte) se moquait devant un auditoire amusé de la demande improbable que lui avaient faite les Frères musulmans, soit que les Égyptiennes se promènent voilées en public.
Pourtant, quelques dizaines d’années plus tard, c’est rempli de honte que Jawal Rhalib recevait les insultes de ses camarades, qui le traitaient de « fils de danseuse ». Cette mère, libre et assumée, il aurait voulu en draper le corps. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le réalisateur a choisi la danse comme fil conducteur de son documentaire, bien que celui-ci alterne également entre le chant, la musique, le théâtre et la poésie. C’est que cet art, plus proche de l’Islam que bien des pratiques d’érudits selon sa mère, dévoile et enivre au grand dam des fondamentalistes que Rhalib désirait narguer par un propos dégagé de tout interdit. C’est ce qu’il fera, tout au long de ce fascinant long-métrage, qui évoque avec nostalgie le passé pour ensuite mieux braquer vers l’avenir un regard confiant et combatif.
Pour le réalisateur, la seule peur qui peut se permettre de subsister, c’est la peur du silence. Au temps où les Arabes dansaient, un vibrant plaidoyer pour une liberté dans laquelle art et islam peuvent coexister.
Une 37e édition aux accents multiples
À l’image de cette soirée d’ouverture, le Festival international du film sur l’art, qui célèbre cette année la diversité et l’engagement, présentera jusqu’au 31 mars prochain des œuvres cinématographiques réfléchies et au diapason des enjeux contemporains. Au travers de cette riche programmation, atuvu.ca vous propose trois documentaires à ne pas manquer: Territoire Ishkueu – Territoire Femme, un film qui s’intéresse à la tradition orale de la nation innue, Une joie secrète, un projet alliant résistance et chorégraphies impromptues, puis Bauhaus Spirit, un documentaire mettant en lumière l’architecture moderne.
Pour de plus amples détails sur la programmation complète du festival, rendez-vous sur le site de l’événement.