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Le coming-of-age Funny Pages d'Owen Kline prenait l’affiche le 26 août dans les salles québécoises. Kline s’est fait connaître notamment pour son rôle dans The Squid and the Whale de Noah Bombach en plus de réaliser ici et là des courts-métrages depuis 2010. Le film produit par A24 met en vedette Daniel Zolghadri qu’on a pu voir dans une courte, mais marquante apparition dans Eight Grade et Matthew Maher, un collaborateur fréquent de Ben Affleck et Matt Damon.
Les "coming-of-age" sont un genre de film qui sont à la fois marqués de leur époque et intemporels. Que l’on parle de 1981, Breakfast Club ou encore The Virgin Suicides, tous ces films se passent à un endroit précis dans le temps tout en traitant de sujets et de sentiments qui restent toujours d’actualité. C’est dans cet état d’esprit que je me suis placé lors du visionnement de Funny Pages, premier long-métrage du jeune acteur, réalisateur, scénariste et monteur Owen Kline.
Zolghadri prend le rôle de Robert, un étudiant en arts visuels passionné par les dessins osés et vulgaires qui est terriblement dur envers lui-même et par extension, envers les autres. Robert navigue dans une mer d’incertitude après la mort de Katano, son professeur d’art et mentor, et doit décider du chemin à emprunter quant à son futur. Il enchaîne les choix discutables, notamment celui d’abandonner l’école et de vivre dans un quartier pauvre avec deux hommes louches jusqu’à tomber par hasard sur un ancien coloriste d’Image, l’une des plus grandes maisons d’édition de bandes dessinées aux États-Unis.
Kline réussit à faire de Robert un personnage excessivement attachant malgré le fait qu’il se comporte majoritairement de façon immature et méchante. C’est qu’on voit rapidement dans le film que Robert a vécu dans un environnement très toxique avec des parents hautains plus soucieux du statut social de leur fils que de son bonheur, sans compter le monde autour de lui qui est laid, autant au sens propre que figuré. Cette laideur est exploitée par le travail du directeur photo, qui place la caméra à quelques pouces des personnages en permanence, favorisant notre connexion à ces personnages imparfaits.
Le travail des maquilleurs ne peut également pas être passé sous silence: les personnages sont laids physiquement, voire repoussants. Robert est peut-être le seul qui s’en sort bien, gardant quand même un look bien enfantin dans un monde rempli d’adultes.
Pour ce qui est de la laideur intérieure des personnages, on retiendra surtout l’un des thèmes centraux du film, soit l’individualisme. Les personnages n’ont à cœur qu’eux-mêmes et s’ils souhaitent la réussite d’un autre, c’est seulement pour en obtenir quelque chose en retour. La seule exception à cette règle serait le personnage de Miles, ami de Robert, qui est tout ce que Robert n’est pas: confiant dans son art, courageux, mature, sympathique, mais surtout dénué de talent artistique. Malgré ça, le spectateur se fait davantage témoin que juge dans cette histoire mêlant art et justice puisque les nombreuses imperfections des personnages les rendent tout simplement humains.
Pour ce qui est de la réalisation, Kline se démarque par une prise de risque constante qui rapporte gros. La première chose que l’on remarque est l’aspect pellicule présent dans le film. J’ignore si le film a été tourné comme tel ou s’il s’agit d’effets ajoutés au montage, mais dans tous les cas on sent vraiment l’ambiance pré-2000 via cette image imparfaite. Il n’y a d’ailleurs pas d’ancrage historique dans l’histoire, c’est donc par cette esthétique que Kline nous transmet l’information quant à l’époque du récit. La musique vient ajouter une certaine rythmique aux péripéties par ses interludes rappelant le jazz.
Là où le talent de Kline se remarque le plus est dans les dialogues qui font l’effet d’un fouet, semblable à ce qu’on a pu voir dans Uncut Gems des frères Safdie qui produisent le film. Impossible de rester indifférent devant les répliques cinglantes des adultes ou la condescendance de Robert envers les autres qui rappellent subtilement que le spectateur regarde une comédie noire.
Mention honorable également aux décors qui sont tous remarquables. On alterne entre un bureau d’aide juridique, une école secondaire, un magasin de bandes dessinées rempli de rejets avec une aisance fascinante. Le spectateur n’a pas le temps de découvrir le lieu, de l’analyser, il ne peut que le vivre, tout comme les personnages.
Funny Pages est donc un bon film, une ode à la jeunesse à la fois rêveuse et blasée, qui vient s’inscrire dans la lignée des bons coming-of-age des dernières années comme Thoroughbreds de Cory Finley ou Eight Grade de Bo Burnham. Comme ces derniers - et contrairement aux modèles plus anciens -, c’est un film qui se vit plus qu’il ne s’analyse, un récit qui semble très personnel auquel on peut assister avec des sentiments auxquels on peut s’identifier et se rapporter.
Il ne s’agit pas de mon préféré personnellement, mais je n’ai aucun doute que ce film fasse écho chez d’autres, jeunes ou moins jeunes.