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Frantz marque un tournant dans la filmographie de François Ozon. Pour un cinéaste qui nous a habitué à des œuvres au ton plus burlesque comme 8 femmes et Potiche, ce nouveau long-métrage est plutôt une réminiscence d’un grand drame romantique d’antan.
En 1919, alors que l’Allemagne subit les conséquences de sa défaite lors de la Première Guerre mondiale, Anna (Paula Beer) fait le deuil de Frantz Hoffmeister (Anton von Lucke), son fiancé mort au front. Elle vit dans une petite ville allemande avec les parents de son défunt amoureux. Quotidiennement, Anna se recueille sur la tombe de celui qu’elle aurait dû épouser une fois la guerre terminée. Un jour, elle aperçoit un homme pleurer sur la tombe de Frantz. Elle apprend que l’inconnu est un Français dont la présence fait beaucoup parler dans cette contrée où les sentiments antifrançais sont très forts. L’étranger, Adrien (Pierre Niney), est venu en Allemagne afin de retrouver la famille de son ami, Frantz. Sa première visite chez les Hoffmeister se passe mal. Le père de Frantz (Ernst Stötzner) ne veut rien savoir de l’ami de son fils. Pour lui, tous les Français sont responsables de la mort de sa progéniture. Pour Anna et la mère de Frantz (Marie Gruber), leurs sentiments à l’égard d’Adrien sont plus nuancés. Elles voient en ce jeune Français le souvenir d’une vie passée et d’un être cher disparu. La relation entre Adrien et les Hoffmeister devient tranquillement plus chaleureuse et des sentiments naissent entre Anna et le jeune homme. Le renouveau qui s’annonce dans la vie de chacun après le traumatisme de 1914-1918 disparaîtra rapidement lorsqu’Anna découvrira les vraies raisons qui ont amené Adrien en Allemagne.
Le scénario de François Ozon est basé sur la pièce de théâtre de Maurice Rostand, L’Homme que j’ai tué, qui avait déjà fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1932 par le cinéaste américain Ernst Lubitsch. Dans cette adaptation, Ozon campe une grande partie de l’action en Allemagne avec des dialogues en langue allemande. Ainsi, la caméra d’un Français se braque du côté des perdants de la Grande Guerre, un choix plutôt rare dans le cinéma français. Cela n’empêche pas Ozon d’aborder les conséquences qui ont aussi affligé les gagnants de ce conflit. À la suite de la guerre de 1914-1918, les Français et les Allemands sont toujours antagonistes. Ozon illustre cette tension et s’en sert pour universaliser la douleur de l’après-guerre. Dans ce film, les vainqueurs comme les perdants sont affectés par le conflit armé et, surtout, par la perte d’une génération de jeunes hommes qui, pour certains, ne voulaient rien avoir à faire avec cette lutte armée. Les personnages d’Adrien et de Frantz sont exactement la représentation de ce genre d’homme : des êtres transformés en chair à canon, contre leur gré, pour l’orgueil des nations. Les deux jeunes hommes ont des personnalités beaucoup plus ressemblantes que divergentes. Comme le personnage d’Adrien le souligne, on enseigne l’allemand aux Français dans les écoles et on apprend le français aux jeunes Allemands. Quelle ironie de les envoyer se battre les uns contre les autres. Le dilemme d’Adrien et de Frantz réside dans cette façon de penser : ils sont de fervents pacifistes, à l’âme d’artiste, obligés de faire la guerre.
Frantz recrée une Europe d’après-guerre grâce à de magnifiques costumes et de très beaux décors. D’ailleurs, le réalisateur parle de son choix de tourner en noir et blanc pour des raisons pratiques et esthétiques. D’abord, parce que Quedlinburg et Wernigerode, les villes allemandes où le tournage a eu lieu, possédaient des bâtiments aux couleurs anachroniques, puis, parce que cette époque est forcément associée au noir et blanc dans la conscience collective. Le choix est judicieux et la photographie s’en trouve magnifiée. Dans Frantz, la couleur est exclusivement réservée aux retours dans le passé ou aux moments de bonheur. L’effet est de toute beauté. Elle exacerbe les joies passées des personnages. D’ailleurs, le personnage d’Anna est interprété avec sensibilité et grâce par la jeune Paula Beer qui s’est vu remettre le prix Marcello-Mastroianni, récompensant un espoir du cinéma international, lors de la dernière Mostra de Venise. Avec Pierre Niney, la chimie s’opère dès les premiers instants à l’écran.
Ceux qui aiment François Ozon seront peut-être surpris du ton de Frantz qui contraste avec ce que le cinéaste a fait par le passé. Par contre, le ton plus austère du film n’empêche pas le réalisateur de porter à l’écran un drame romantique aux résonances humanistes qui a tout d’un long-métrage de grande tenue.
Frantz est à l'affiche au Québec le 7 avril.