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Le roman Et au pire, on se mariera, de Sophie Bienvenu, est l’un de ceux dont l’histoire ne s’oublie pas. J’en sais quelque chose, puisque j’ai beau l’avoir lu il y a plus de deux ans, je me souviens encore parfaitement d’à quel point j’avais été bouleversée par le récit d’Aïcha. Manifestement, la réalisatrice Léa Pool a également eu un coup de cœur pour cette œuvre poignante, puisqu’elle a décidé (à mon grand bonheur !) d’en créer une adaptation cinématographique. Le 15 septembre dernier, le film dans lequel Sophie Nélisse, Karine Vanasse, Jean-Simon Leduc et Isabelle Nélisse se partagent la vedette, a donc pris l’affiche dans plusieurs cinémas du Québec.
À travers un scénario franc et direct où les émotions brutes émergent de scène en scène, le spectateur est rapidement transporté dans l’univers d’Aïcha, 14 ans. Cette adolescente fragile, manipulatrice et complexe tombe follement amoureuse de Baz, un homme deux fois plus âgé qu’elle. Dans ce qui semble être un poste de police, Aïcha raconte des parcelles de sa vie à une femme, dont on ne voit jamais le visage, en alternant entre ses souvenirs d’enfance, la relation conflictuelle qu’elle entretient avec sa mère et l’amour sans limites qu’elle ressent pour Baz, le beau musicien plein d’empathie qui est apparu dans sa vie, par hasard, comme un sauveur.
Cet amour impossible renverse complètement Aïcha. Autant il lui fait du bien, autant il la détruit. Elle est prise dans une situation qui lui donne l’impression de recoller les morceaux de son cœur qui chancellent à la suite de son passé familial particulier, tout en la brisant un peu plus à chaque fois. Elle n’a qu’un seul désir: que Baz l’aime autant qu’elle l’aime, peu importe leur différence d’âge et les possibles conséquences.
Et au pire, on se mariera aborde l’adolescence avec humanité et avec beaucoup de nuances. Bien qu’Aïcha soit colérique, menteuse et impulsive, elle est tout ce qu’il y a de plus vrai: une adolescente qui tente d’apprivoiser la violence de ses émotions et qui ressent un besoin viscéral de se sentir vivante. L’importance qu’a Baz pour elle témoigne bien de l’intensité des premières amours, et de la complexité des relations impossibles.
Aïcha en a marre qu’on la traite comme une enfant et veut évoluer dans un monde de grands. Bien que ce soit un peu poussé à l’extrême, son quotidien n’a rien à voir avec celui des autres jeunes de son âge: elle fume, elle rate l’école sans raison, ses amis sont des prostitués, elle s’habille comme une femme, elle déteste profondément sa mère, etc. D’ailleurs, bien que Sophie Nélisse, avec un jeu impeccable, interprète le rôle d’Aïcha avec beaucoup de délicatesse, elle semble un peu trop vieille pour donner vie de manière crédible à une fille de 14 ans.
En dépit du fait que l’histoire racontée par Sophie Bienvenu et Léa Pool soit intense et parfois un peu tirée par les cheveux, elle s’adresse directement aux adolescents, puisqu’elle parle de thématiques universelles qui touchent la majorité des jeunes, soit la pureté des émotions, l’impuissance, le premier amour, les premiers grands désespoirs, la première relation sexuelle, la masturbation, les souffrances familiales, la jalousie et l’espoir.
Mon avis
J’ai trouvé le scénario habilement mené, et le jeu des acteurs très émouvant. Même si l’histoire d’Aïcha est peu commune, elle cible l’essentiel et permet de se questionner sur cette ligne mince qui sépare le bien du mal, l’amour de l’obsession et la pédophilie de l’attachement.
De plus, même si les sujets abordés sont assez lourds, le film reste tout de même léger et agréable à regarder, puisqu’Aïcha s’exprime avec humour dans un langage oral à l’image de celui qu’utilisent les jeunes d’aujourd’hui.
J’ai beaucoup aimé la manière dont le récit est construit. Puisque l’histoire est racontée du point de vue d’Aïcha, le spectateur a une part du travail à faire, en raison des multiples non-dits et sous-entendus. Le fait qu’Aïcha parle à une femme (qu’on déduit être une travailleuse sociale ou une enquêteuse) qui ne lui répond jamais exprime bien sa difficulté à établir un dialogue avec les autres, et témoigne de son sentiment de solitude, ce que j’ai trouvé particulièrement bien illustré. Seul petit bémol: la fin du film est surprenante et bien amenée, mais elle laisse l’histoire en suspens et ne propose pas vraiment de piste de solution pour les spectateurs. Pour maximiser l’impact du film, je crois donc qu’une discussion avec les adolescents peut s’avérer très pertinente, à la fin de la représentation.
Somme toute, ce long-métrage est une très grande réussite, à mon avis. Un film à voir pour les adolescents qui veulent qu’on leur parle des vraies choses sans détour, et qui veulent se plonger dans un univers cru et bouleversant.
Et au pire, on se mariera, film de Léa Pool. En salle à partir du 15 septembre 2017. Pour un public de 13 ans et plus.